Pascale B.

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2 septembre 2022

Miserere

Le roman débute par une tragédie en 1966 : un éboulement de terrain ayant enseveli un village anglais tuant une centaine d’enfants. William tout juste diplômé embaumeur se porte volontaire sur ce site.
L’auteur déroule 17 années de la vie de William qui, après avoir été choriste à Cambridge puis embaumeur à Londres, reste marqué par cette catastrophe et pétri de doutes envers son entourage, traînant une douleur qui le plonge dans la solitude.
Un roman d’une « terrible délicatesse » qui inculque au lecteur la relation d’embaumeur avec la mort, le pouvoir de la musique. Les portraits qui entourent William sont fouillés et nuancés traversés par l’éducation, les différences, la famille, l’amour, le pardon…. Aussi un hommage aux actes de bravoure et au don de soi face à la détresse humaine.
Une belle écriture fluide pleine de charité.

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31 août 2022

Fouiller la braise du passé

Ce roman, épopée romanesque jonchée de moments politiques, commence en 1812, traverse 2 siècles et 7 années, de nombreux pays et lieux cultes, croisant de nombreuses figures illustres. Le journal de bord de la Comtesse de Ségur, de Moscou à Paris, est le fil rouge de cette fresque historique et littéraire où les personnages féminins sont à l’honneur (Marguerite Yourcenar, Rose Valland, etc) s’interrogeant sur leur existence.

Il s’agit d’un livre sur la transmission, l’héritage et la spoliation des œuvres d’arts pendant la guerre, l’auteur traque une vérité et dénonce l’avidité du pouvoir au détriment de l’humanité.
Le déni d’après-guerre est devenu aujourd’hui une quête sans tabou même s’il faut accepter la part de cendres du passé à jamais perdue….

Si le lecteur surmonte la complexité de tant de documentations et parenthèses, il appréciera la restitution des faits de cette immense voyage par une riche écriture émotionnelle s’adaptant aux époques.
Un voyage rétro-chronologique qu’il convient de continuer aujourd’hui pour réparer...

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29 août 2022

Myrtho, mère d’opérette

Roman choral d’une famille biologique atypique :
- Farah, la fille, vivant heureuse avec un père bienveillant, abandonnée par sa mère à la naissance ;
- Lenny, le père qui, face à tant de vide après tant d’amour, crée et s’investit dans l’Église de la Treizième Heure pour braver les puissances du mal ;
- Hind, la mère, algérienne, personnage complexe et multiple qui rate l’enfance de sa fille.
Farah grandit dans cette communauté luttant contre l’obscurantisme, les persécutions et oppressions, se démarquant d’autres sectes par leurs messes poétiques (Nerval, Rimbaud), ateliers créatifs… Elle est préoccupée et intriguée par son apparence physique et sa mystérieuse filiation.

L’intérêt de ce roman très contemporain mêlé à la poésie, en dehors des questionnements d’identité et de l’amour, est qu’il reflète notre actualité sans détours, nos fragilités, nos inquiétudes de demain.

Alternant dialogues très familiers, texte littéraire et poésie, E. Bayamack-Tam raconte une vraie intrigue familiale et invite à une nécessaire réflexion sur la destruction en marche de la pensée libre, de la beauté de notre monde.

« La grande affaire de ma vie, c’est la survie. J’ai développé juste assez d’empathie pour assurer ma sécurité dans un monde hostile à ma simple existence »

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29 août 2022

Devant l’aquarium …

Parallèlement à son autobiographie, l’auteur plonge le lecteur dans son enquête menée sur le groupe Action Directe de 1979 à 1986, son propre passé ressurgissant à l’évocation de ces faits divers extrémistes.
A l’âge de 27 ans, Monica Sabolo découvre ses propres vies clandestines en apprenant sa véritable filiation et les affaires mystérieuses de son père Yves S.

Sa quête de vérité sur les militants d’extrême gauche s’avérant compliquée par le peu de documents et de témoignages fiables, elle traque et s’infiltre dans les mémoires de Nathalie Ménigon, Joëlle Aubron, Hellyette Bess, Claude et les autres…
Les thèmes de la mémoire et du Pardon sont ici essentiels, jaillissant dans le texte au risque de brûler les ailes….
Ce roman est fait avec les moyens du bord, ce qui rend l’écriture parfois décousue et le style hétéroclite ; mais la combinaison enquête/histoire personnelle est maîtrisée et fonctionne.

« Je voulais être à la hauteur des miens »
« Je n’aime pas quand papa vient me voir, le matin »
« Je pensais te demander pardon, un jour, là-haut, quand nous serions morts »

One-Shot

Les Avrils

19,00
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27 août 2022

L’équilibre du cœur

De père fragile et endetté, de mère quasi absente, l’enfance morose de Victor bascule grâce à sa passion naissante pour l’athlétisme. Victor prend vie dans le triple saut enchaînant les entrainements rigoureux et les médailles.
Jeune homme sorti du ruisseau, doué et audacieux, se construisant sur un talent, il s’élève et s’éloigne dans les coulisses du sport jusqu’au faux-pas, croisant l’amitié et l’amour ...

En trois sauts, Arnaud Dudek réalise une boucle.
Il donne à l’adolescent naïf l’envol nécessaire à la prouesse dans un récit délicat et cristallin, à travers des chapitres défilant(s)
L’équilibre nécessaire à la performance, Dudek en est l’exemple dans ce récit épuré mais efficace.

« Ce qui compte, c’est ce que disent les yeux du jeune homme lorsqu’il se relève… »